D’argent et de sang : le livre

Le livre 'D'argent et de sang' de Fabrice Arfi dévoile l'escroquerie du siècle sur la bourse des quotas de CO2. Publié en 2018, cet ouvrage détaille comment près de 2 milliards d'euros ont été détournés entre 2008 et 2009, secouant les milieux financiers et politiques.

présentation du livre et de son auteur

Le livre "D'argent et de sang" de Fabrice Arfi, paru le 6 septembre 2018, lève le voile sur l'une des plus grandes escroqueries financières de l'histoire de France. Ce récit haletant plonge le lecteur dans les méandres d'une affaire aux ramifications multiples, mêlant finance, politique et crime organisé.

Un auteur chevronné dans l'investigation

Fabrice Arfi, co-responsable des enquêtes à Mediapart, s'est forgé une solide réputation dans le journalisme d'investigation. Son travail a permis de révéler au grand public plusieurs affaires retentissantes qui ont secoué la vie politique française ces dernières années :
  • L'affaire Bettencourt et ses implications politico-financières
  • Le scandale des rétrocommissions dans l'affaire de Karachi
  • Les comptes cachés à l'étranger de Jérôme Cahuzac
  • Les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007
Fort de cette expérience, Arfi s'attaque dans "D'argent et de sang" à un sujet complexe mais ô combien fascinant : l'arnaque du siècle sur le marché des quotas carbone.

Une plongée dans les arcanes de la fraude à la TVA

Sur 250 pages, l'auteur retrace minutieusement le parcours de trois protagonistes principaux : Samy et Marco, deux jeunes de Belleville, et Arnaud, issu des beaux quartiers parisiens. Ensemble, ils vont mettre au point un système ingénieux pour détourner près de 2 milliards d'euros au nez et à la barbe du fisc français, en exploitant les failles du marché européen des quotas d'émission de CO2.

Un récit captivant aux allures de thriller

Loin d'un exposé technique et rébarbatif, Arfi livre un récit palpitant qui se lit comme un roman noir. Le lecteur suit pas à pas l'ascension fulgurante de ces escrocs de haut vol, leurs dépenses extravagantes et leur chute vertigineuse. L'auteur n'élude pas les aspects les plus sombres de l'affaire, notamment la série d'assassinats qui a frappé certains protagonistes.

Une édition accessible

L'ouvrage est disponible en format poche aux éditions Points, dans la collection "Documents". Ses dimensions (10,8 x 1,6 x 17,9 cm) en font un livre facilement transportable. Son prix modique de 7,90 € le rend accessible au plus grand nombre, permettant ainsi une large diffusion de cette enquête édifiante sur les dérives du capitalisme financier.

Un éclairage crucial sur les failles du système

"D'argent et de sang" ne se contente pas de narrer une histoire rocambolesque. Il met en lumière les dysfonctionnements qui ont rendu possible une telle escroquerie : lacunes dans la régulation des marchés financiers, manque de coordination entre les services fiscaux européens, complaisance de certains acteurs bancaires. Arfi pointe du doigt les responsabilités à tous les niveaux, offrant matière à réflexion sur la nécessité de renforcer les contrôles dans le monde de la finance.

le déroulement de l'escroquerie

Le livre "D'argent et de sang" de Fabrice Arfi dévoile les rouages d'une escroquerie massive qui a secoué le marché européen des quotas de CO2 entre 2008 et 2009. Au cœur de cette machination, trois protagonistes : Samy Souied, Marco Mouly et Arnaud Mimran, qui ont réussi à détourner près de 2 milliards d'euros en exploitant les failles du système.

La genèse de l'arnaque

L'escroquerie débute lorsque le trio découvre une faille dans le système de TVA sur les transactions de quotas de CO2. Ils mettent alors en place un réseau complexe de sociétés-écrans dans plusieurs pays européens pour acheter et revendre massivement ces quotas. La clé de leur succès : ne jamais reverser la TVA collectée aux autorités fiscales.

Le mécanisme de la fraude

Le processus se déroule en plusieurs étapes :
  1. Création de sociétés-écrans dans différents pays européens
  2. Achat de quotas de CO2 hors taxe auprès de pays comme le Danemark ou les Pays-Bas
  3. Revente immédiate de ces quotas en France, avec TVA incluse
  4. Encaissement de la TVA sans la reverser à l'État français
  5. Transfert rapide des fonds vers des comptes offshore

L'ampleur de la fraude

Entre juin 2008 et juin 2009, le trio parvient à détourner des sommes colossales :
Période Montant détourné
Juin 2008 - Décembre 2008 Environ 300 millions €
Janvier 2009 - Juin 2009 Plus de 1,6 milliard €
Ces chiffres astronomiques font de cette escroquerie l'une des plus importantes de l'histoire française. L'État se retrouve privé de recettes fiscales considérables, tandis que les escrocs dépensent sans compter dans un train de vie luxueux.

Les failles du système exploitées

L'escroquerie a pu prospérer grâce à plusieurs facteurs :
  • L'absence de contrôles rigoureux sur les transactions de quotas de CO2
  • La complexité du système fiscal européen
  • La rapidité des transactions électroniques
  • Le manque de coordination entre les autorités fiscales des différents pays
Les escrocs ont su tirer profit de ces lacunes pour mettre en place un système aussi efficace que dévastateur pour les finances publiques. Le livre de Fabrice Arfi met en lumière ces dysfonctionnements et souligne l'urgence de renforcer les contrôles sur les marchés financiers internationaux.

les répercussions et la traque des responsables

L'escroquerie aux quotas de CO2, révélée dans le livre "D'argent et de sang", a eu des répercussions judiciaires majeures et déclenché une traque internationale des responsables. Cette affaire d'une ampleur sans précédent a mobilisé les autorités françaises pendant plusieurs années, mettant en lumière les failles du système financier et la sophistication croissante des réseaux criminels.

L'enquête de la douane judiciaire française

Dès 2009, la douane judiciaire française a ouvert une enquête sur cette fraude massive à la TVA sur le marché des quotas carbone. Les investigations ont rapidement révélé l'implication d'Arnaud Mimran, Marco Mouly et Samy Souied, trois figures centrales de l'escroquerie. Les enquêteurs ont dû démêler un écheveau complexe de sociétés-écrans et de transactions financières internationales pour retracer le parcours des fonds détournés. En 2011, les premières mises en examen sont prononcées. Arnaud Mimran est placé en détention provisoire en juin 2014, marquant un tournant dans l'affaire. Les autorités françaises émettent également des mandats d'arrêt internationaux contre plusieurs suspects en fuite à l'étranger, notamment en Israël et aux Émirats arabes unis.

Poursuites judiciaires et condamnations

Le procès des principaux protagonistes s'est tenu en 2016 devant le tribunal correctionnel de Paris. Arnaud Mimran a été condamné à 8 ans de prison ferme et 1 million d'euros d'amende pour son rôle dans l'escroquerie. Marco Mouly a écopé de 8 ans de prison et 10 millions d'euros d'amende. D'autres peines allant de 1 à 7 ans de prison ont été prononcées contre une dizaine de complices. En appel, en 2017, les peines ont été globalement confirmées, voire alourdies pour certains prévenus. La justice a également ordonné la confiscation de plusieurs millions d'euros d'avoirs saisis au cours de l'enquête.

Tableau récapitulatif des principales condamnations

Nom Peine de prison Amende
Arnaud Mimran 8 ans 1 million €
Marco Mouly 8 ans 10 millions €
Samy Souied Assassiné en 2010 -

Assassinats liés à l'affaire

L'enquête a été marquée par une série d'assassinats troublants. Le 14 septembre 2010, Samy Souied est abattu Porte Maillot à Paris. Cet homicide, jamais élucidé, est considéré comme directement lié à l'affaire des quotas carbone. D'autres meurtres suspects ont suivi, notamment celui de Claude Dray, beau-père d'Arnaud Mimran, en octobre 2011, et celui de Albert Taïeb en septembre 2014. Ces assassinats ont complexifié l'enquête et mis en évidence les ramifications mafieuses de l'escroquerie. Les autorités ont dû composer avec la menace permanente pesant sur les témoins et les protagonistes de l'affaire.

Traque internationale et coopération judiciaire

La dimension internationale de l'escroquerie a nécessité une coopération judiciaire sans précédent. Europol et Eurojust ont été mobilisés pour coordonner les efforts des différents pays concernés. Des commissions rogatoires internationales ont été émises vers une dizaine de pays, dont Israël, le Royaume-Uni et les Émirats arabes unis. En 2019, les autorités dubaïotes ont finalement arrêté Marco Mouly, en fuite depuis sa condamnation. Son extradition vers la France en 2020 a marqué une victoire importante pour la justice française. Cependant, d'autres suspects demeurent introuvables, bénéficiant de la protection de pays peu coopératifs en matière d'extradition.

Conséquences sur le système financier européen

L'affaire des quotas carbone a mis en lumière les failles du système financier européen. En réaction, l'Union européenne a renforcé la réglementation du marché des quotas d'émission de CO2 en 2013. De nouvelles mesures de contrôle ont été mises en place pour prévenir les fraudes à grande échelle, notamment l'inversion du redevable de la TVA pour les transactions sur les quotas carbone. Les autorités fiscales françaises ont également revu leurs procédures de contrôle et de détection des fraudes complexes. L'affaire a conduit à une prise de conscience de la nécessité d'une meilleure coordination entre les services fiscaux, douaniers et judiciaires pour lutter efficacement contre la criminalité financière organisée.

adaptation et réception de la série télévisée

L'adaptation télévisée du livre "D'argent et de sang" de Fabrice Arfi a connu un succès retentissant lors de sa diffusion sur Canal+ à partir du 16 octobre 2023. Cette série en 12 épisodes, réalisée par Xavier Giannoli, a su captiver le public français en portant à l'écran l'incroyable histoire de l'arnaque du siècle aux quotas carbone.

Un casting de choix pour une adaptation ambitieuse

Xavier Giannoli, réalisateur césarisé pour "Illusions perdues", s'est entouré d'acteurs de renom pour donner vie aux protagonistes de cette affaire rocambolesque. Vincent Lindon incarne avec brio Simon Weynachter, le magistrat incorruptible traquant les escrocs. Niels Schneider campe Jérôme Attias, le trader ambitieux des beaux quartiers, tandis que Ramzy Bedia interprète Alain Fitoussi, l'un des deux escrocs de Belleville. Ce trio d'acteurs talentueux parvient à insuffler une réelle intensité dramatique au récit, tout en restant fidèle aux personnages décrits par Fabrice Arfi dans son livre. La série bénéficie également d'une réalisation soignée, avec des décors somptueux et une bande originale envoûtante signée Rone. Xavier Giannoli a su transposer à l'écran l'atmosphère oppressante et le rythme haletant du livre, en alternant scènes d'action et moments de tension psychologique.

Une réception critique élogieuse

Dès sa diffusion, "D'argent et de sang" a reçu un accueil critique particulièrement favorable. Les journalistes ont salué la qualité de l'adaptation, soulignant la capacité de Xavier Giannoli à rendre accessible et palpitant un sujet a priori complexe. Le jeu des acteurs a été unanimement loué, en particulier la performance de Vincent Lindon dans le rôle du magistrat obsédé par l'affaire.
"Une série haletante qui parvient à transformer une affaire financière en un thriller captivant. Vincent Lindon est magistral." Le Monde
Les critiques ont également apprécié la façon dont la série parvient à dépeindre les différents milieux sociaux impliqués dans l'affaire, du monde de la finance aux quartiers populaires de Belleville.

Des audiences au rendez-vous

Le succès critique s'est traduit par d'excellents résultats d'audience. Selon les chiffres communiqués par Canal+, la première saison de "D'argent et de sang" a cumulé plus de 25 millions de visionnages, un record pour une série française sur la chaîne cryptée. La diffusion hebdomadaire des épisodes a créé un véritable phénomène, avec des pics d'audience remarquables et un fort engagement sur les réseaux sociaux.
Épisode Audience (en millions de téléspectateurs)
1 et 2 1,2
3 et 4 1,4
5 et 6 1,5
7 et 8 1,6
9 et 10 1,7
11 et 12 1,9

Entre fidélité et liberté créative

Si l'adaptation reste globalement fidèle au livre de Fabrice Arfi, Xavier Giannoli a pris quelques libertés pour renforcer la dramaturgie de la série. Certains personnages ont été développés, comme celui d'Annabelle Attias (Judith Chemla), l'épouse de Jérôme, dont le rôle a été étoffé pour explorer les tensions au sein du couple. De même, le réalisateur a choisi d'accentuer la dimension psychologique du magistrat Simon Weynachter, en montrant l'impact de l'enquête sur sa vie personnelle. Ces ajouts fictionnels ont été généralement bien accueillis par les critiques et le public, qui y ont vu un moyen d'humaniser le récit sans pour autant trahir l'esprit du livre. Fabrice Arfi lui-même a salué l'adaptation, estimant qu'elle parvenait à restituer la complexité de l'affaire tout en la rendant accessible au grand public.

Une mise en scène au service du propos

Xavier Giannoli a su mettre sa maîtrise de la mise en scène au service du propos. Les scènes d'action sont filmées avec dynamisme, tandis que les moments de tension psychologique bénéficient d'une réalisation plus intimiste. Le réalisateur alterne habilement entre les différents milieux sociaux, passant des quartiers populaires de Belleville aux bureaux feutrés de la haute finance parisienne. Cette approche visuelle contribue à renforcer le message du livre sur les inégalités sociales et la corruption du système financier. La série parvient ainsi à dépasser le simple cadre du thriller pour livrer une réflexion plus large sur la société française contemporaine.

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